Un fait divers dans la métropole strasbourgeoise éclaire d’un jour nouveau « l’utilité » des caméras de surveillance. Comme le relate un article du journal Le Monde, 4 CRS ont menti et ce mensonge a conduit en prison 4 jeunes hommes. C’est une cassette de vidéo surveillance qui a permis la relaxe des suspects prouvant les mensonges des forces de l’ordre. Un retard dans la procédure de comparution d’office a aussi permis de les visionner de façon indépendante.
Outre l’instantané que ce fait divers donne de la société française et des rapports tendus entre autorité et citoyens, c’est l’aspect ironico-technologique qui retient mon attention. L’arroseur arrosé. Voilà que le « méchant » gardien de la paix ne doit plus croire en son omnipotence d’homme assermenté, si il commet des irrégularités il peut être démasqué et sanctionné grâce à ses outils de travail. Des Rodney King se cachent derrière chacun des interpelés.
Dans une société ou l’envoi d’image, leur capture & manipulation font naitre des géants en quelques mois, ou les APN sont de plus en plus riches en terme d’espace mémoire disponible, de plus en plus répandus ou intégrés dans des outils différents, le contrôle social et la preuve par l’image sont-ils en passe de devenir la norme? Le contrôle social collaboratif est-il inévitable? Allons-nous tous constituer une société de Big brother, un maillage d’espionites bien serré ? Pas une société de voisins à la fenêtre ou qui patrouille, mais une milice de caméramen ou de télésurveillant?
Des indices récurrents peuvent le laisser penser. A l’instar de ce qui se passe dans le système de CCTV anglais, Shoreditch TV, ouvert à tous les clients d’un fournisseur de TV par ADSL. Le risque c’est que la vigilance et la prise d’image dérapent, que des témoignages se recoupent pour ne montrer que ce que l’on a envie de voir.
Le sujet me taraudant j’ai mis la main sur les proceedings du 28th Annual Conference of Data Protection and Information Commissioners qui se tenait à Londres il y a un mois. Le thème principal en était la Société de la Surveillance. J’en retiens un document pour discussion qui décrit ce que pourrait être une société de la surveillance dans un avenir très proche. Au vu des débats sécuritaires, du chiffre d’affaires du secteur sécurité, la question n’est plus d’empêcher ces mutations, il est trop tard, mais bien de savoir comment se prémunir des dérapages d’un système auquel la technologie donne une apparence par trop séduisante. Devrons-nous filmer toutes nos vies pour (en) rendre compte?